Multi sport, les autres champions.
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Multi sport, les autres champions.
Entretien (tronqué) avec Kevin Mayer, recordman du monde du décathlon, par Nathaniel Herzberg.
Je voudrais comprendre vraiment le corps humain, partir du plus petit et aller vers le global.
Des découvertes ?
Tout le temps. Par exemple le premier jour où j’ai plié une perche. Jusque-là, je m’appuyais dessus pour passer la barre. La première fois que je l’ai pliée, le potentiel de renvoi éprouvé dans tout le corps, c’était incroyable. Pour les autres disciplines, ça a plutôt été progressif. Après le javelot et la hauteur, il y a eu les haies, j’ai peu à peu compris. Et puis les autres lancers : j’ai réalisé que je devais lancer avec mes points forts, mes jambes, pas avec mes bras, qui étaient tout fins. Aujourd’hui, je lance le poids à 17 mètres : honnêtement, personne ne fait ça avec mon physique. C’est la compréhension technique qui me l’a permis.
Les adversaires sont presque des partenaires. A la fin d’une compétition, c’est ensemble que l’on a accompli quelque chose. A Doha, quand je me suis blessé et que je n’ai pas pu sauter à la perche alors que j’allais être champion du monde, ils sont venus un par un me réconforter alors qu’ils étaient en pleine compétition eux aussi. On encourage les adversaires parce que, quand ils réussissent, ils vous aident vous aussi à vous dépasser. C’est ça l’adversité dans notre sport.
Votre corps, c’est votre instrument de travail…
Oui, je l’écoute tout le temps, je le connais de mieux en mieux. C’est essentiel, un gain de temps énorme. Le coach peut vous aider, mais personne mieux que vous-même ne peut ressentir ce qui se passe. Et c’est ce qui peut permettre d’éviter les blessures. Or, les blessures, c’est 90 % de ce qui fait la carrière d’un athlète. Avec ou sans, ça n’a rien à voir. Encore faut-il ensuite prendre les bonnes décisions. Pour moi le sport, c’est aussi une philosophie de vie.
Quelle est la vôtre ?
Elle a évolué. D’abord j’ai compris que plus je passais par des moments désagréables, plus je ressentirais des moments calmes et jouissifs après. Ensuite, que les choses importantes, essentielles mêmes, se trouvaient souvent devant nos yeux. Par exemple pour trouver le bon mouvement, il suffit parfois de regarder les enfants, leur souplesse, leur façon de s’accroupir, leur placement quand ils retombent d’un saut, leur respiration, leur résistance… Comment a-t-on perdu ces facultés, comment les retrouver ?
Donc, au-delà des Jeux qui arrivent, vous pensez aussi à Paris 2024 ?
« Il faut faire du sport pour les bonnes raisons. Si c’est la quête de médailles, on ne peut pas être vraiment heureux, il en manquera toujours une »
Les sportifs ont souvent des habitudes, voir des routines, des superstitions, quelles sont les vôtres ?
Je refuse d’être prisonnier d’une routine. Je veux arriver sur la piste libre. Si je suis en forme et que j’ai la bonne intention, je vivrai le moment présent. Pas vivre dans le passé et essayer de le reproduire. Non, si je réussis, c’est parce que je suis là, ici, aujourd’hui, à agir de la meilleure manière possible pour vivre pleinement ce que je vis. Chacun de mes échauffements est différent, selon mon ressenti. Ne pas être enfermé dans un protocole qui, au moindre écart, me ferait perdre confiance.
Vous vous entraînez toute l’année pour une ou deux compétitions que vous pouvez perdre pour une erreur dans une épreuve. N’est-ce pas cruel ?
C’est frustrant pour ceux qui n’aiment pas l’entraînement. Moi j’adore ça. Si je rate une compétition, je n’ai rien gâché. J’ai commis une erreur, j’ai des regrets, mais ça ne retire rien à l’année écoulée. J’apprends, je deviens plus fort. Et l’accomplissement de soi-même est plus fort que la quête des médailles. Il faut faire du sport pour les bonnes raisons. Si c’est la quête de médailles, on ne peut pas être vraiment heureux, il en manquera toujours une. Pour moi, la compétition, c’est la possibilité de se servir du public et de l’adversité pour trouver des sensations nouvelles. Quand le niveau est relevé, je peux éprouver des sensations folles. On appelle ça « être dans la zone ».
C’est une sorte de transe. Une pression maîtrisée. Vous avez la boule au ventre, puis vous sentez qu’il y a plus d’énergie qui coule en vous que d’habitude. Que tout est en place. Une hypersensibilité qui, pour moi, n’arrive que là, en grand championnat. Franchement, c’est énorme. C’est pour ça que j’attends ces moments avec impatience.
vos passions sont multiples. Le décathlonien ne cacherait-il pas juste un touche-à-tout ?
Je me prends de passion pour tout. Le plus difficile, ça va être de choisir ma reconversion. J’ai trop de projets, envie de faire trop de choses. Et j’aimerais les maîtriser comme je maîtrise l’athlétisme.
Je n’aime pas me mettre de limites. J’admets que ce n’est pas gagné, mais c’est une histoire de conviction et de travail. Je pars du principe que je n’ai pas commencé à vieillir.
Je voudrais comprendre vraiment le corps humain, partir du plus petit et aller vers le global.
Des découvertes ?
Tout le temps. Par exemple le premier jour où j’ai plié une perche. Jusque-là, je m’appuyais dessus pour passer la barre. La première fois que je l’ai pliée, le potentiel de renvoi éprouvé dans tout le corps, c’était incroyable. Pour les autres disciplines, ça a plutôt été progressif. Après le javelot et la hauteur, il y a eu les haies, j’ai peu à peu compris. Et puis les autres lancers : j’ai réalisé que je devais lancer avec mes points forts, mes jambes, pas avec mes bras, qui étaient tout fins. Aujourd’hui, je lance le poids à 17 mètres : honnêtement, personne ne fait ça avec mon physique. C’est la compréhension technique qui me l’a permis.
Les adversaires sont presque des partenaires. A la fin d’une compétition, c’est ensemble que l’on a accompli quelque chose. A Doha, quand je me suis blessé et que je n’ai pas pu sauter à la perche alors que j’allais être champion du monde, ils sont venus un par un me réconforter alors qu’ils étaient en pleine compétition eux aussi. On encourage les adversaires parce que, quand ils réussissent, ils vous aident vous aussi à vous dépasser. C’est ça l’adversité dans notre sport.
Votre corps, c’est votre instrument de travail…
Oui, je l’écoute tout le temps, je le connais de mieux en mieux. C’est essentiel, un gain de temps énorme. Le coach peut vous aider, mais personne mieux que vous-même ne peut ressentir ce qui se passe. Et c’est ce qui peut permettre d’éviter les blessures. Or, les blessures, c’est 90 % de ce qui fait la carrière d’un athlète. Avec ou sans, ça n’a rien à voir. Encore faut-il ensuite prendre les bonnes décisions. Pour moi le sport, c’est aussi une philosophie de vie.
Quelle est la vôtre ?
Elle a évolué. D’abord j’ai compris que plus je passais par des moments désagréables, plus je ressentirais des moments calmes et jouissifs après. Ensuite, que les choses importantes, essentielles mêmes, se trouvaient souvent devant nos yeux. Par exemple pour trouver le bon mouvement, il suffit parfois de regarder les enfants, leur souplesse, leur façon de s’accroupir, leur placement quand ils retombent d’un saut, leur respiration, leur résistance… Comment a-t-on perdu ces facultés, comment les retrouver ?
Donc, au-delà des Jeux qui arrivent, vous pensez aussi à Paris 2024 ?
« Il faut faire du sport pour les bonnes raisons. Si c’est la quête de médailles, on ne peut pas être vraiment heureux, il en manquera toujours une »
Les sportifs ont souvent des habitudes, voir des routines, des superstitions, quelles sont les vôtres ?
Je refuse d’être prisonnier d’une routine. Je veux arriver sur la piste libre. Si je suis en forme et que j’ai la bonne intention, je vivrai le moment présent. Pas vivre dans le passé et essayer de le reproduire. Non, si je réussis, c’est parce que je suis là, ici, aujourd’hui, à agir de la meilleure manière possible pour vivre pleinement ce que je vis. Chacun de mes échauffements est différent, selon mon ressenti. Ne pas être enfermé dans un protocole qui, au moindre écart, me ferait perdre confiance.
Vous vous entraînez toute l’année pour une ou deux compétitions que vous pouvez perdre pour une erreur dans une épreuve. N’est-ce pas cruel ?
C’est frustrant pour ceux qui n’aiment pas l’entraînement. Moi j’adore ça. Si je rate une compétition, je n’ai rien gâché. J’ai commis une erreur, j’ai des regrets, mais ça ne retire rien à l’année écoulée. J’apprends, je deviens plus fort. Et l’accomplissement de soi-même est plus fort que la quête des médailles. Il faut faire du sport pour les bonnes raisons. Si c’est la quête de médailles, on ne peut pas être vraiment heureux, il en manquera toujours une. Pour moi, la compétition, c’est la possibilité de se servir du public et de l’adversité pour trouver des sensations nouvelles. Quand le niveau est relevé, je peux éprouver des sensations folles. On appelle ça « être dans la zone ».
C’est une sorte de transe. Une pression maîtrisée. Vous avez la boule au ventre, puis vous sentez qu’il y a plus d’énergie qui coule en vous que d’habitude. Que tout est en place. Une hypersensibilité qui, pour moi, n’arrive que là, en grand championnat. Franchement, c’est énorme. C’est pour ça que j’attends ces moments avec impatience.
vos passions sont multiples. Le décathlonien ne cacherait-il pas juste un touche-à-tout ?
Je me prends de passion pour tout. Le plus difficile, ça va être de choisir ma reconversion. J’ai trop de projets, envie de faire trop de choses. Et j’aimerais les maîtriser comme je maîtrise l’athlétisme.
Je n’aime pas me mettre de limites. J’admets que ce n’est pas gagné, mais c’est une histoire de conviction et de travail. Je pars du principe que je n’ai pas commencé à vieillir.
Folgan-
Nombre de messages : 5623
Age : 55
Ville : Massy
Citation favorite : Ab imo pectore
Date d'inscription : 18/10/2005
Re: Multi sport, les autres champions.
Merci pour ce témoignage .. Quelle approche complète du sport, de l'entraînement et de la performance !!!
jmtiger3-
Nombre de messages : 9352
Age : 59
Ville : bordeaux
Index : 4 ( WHS )
Citation favorite : Feel it and just Do it
Date d'inscription : 26/01/2007
Re: Multi sport, les autres champions.
saisissant et intéressant témoignage ! Merci Folgan
bonnyv-
Nombre de messages : 3061
Age : 62
Ville : Bougival
Index : 24.8
Citation favorite : Il y a une solution...Cherche !!
Date d'inscription : 05/10/2006
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